Petit Jean est couché sur la colline aux milles fleures. A l’ombre du soleil brûlant il regarde le ciel et son arc de couleur. Petit Jean se demande ce qu’il pourrait trouver au bout de l’arc… un trésor ? Un lapin ??

Petit Jean imagine alors comment il procèderait pour percer le mystère de l’arc en ciel : il marcherait le long des routes et des champs, escaladerait les vallées et les montagnes, traverserait fleuves et rivières jusqu’à ne plus avoir de force, jusqu’à ne plus sentir l’envie d’y parvenir. Mais alors qu’il fut couché, sans force, sur le sol boueux d’une foret inconnu, Petit Jean observa le ciel et sa magnifique bande colorée. Il constata que le magenta ignorait le rouge, l’indigo n’avait que faire du jaune et le rouge se trouvait fâché du rose isolé. Petit Jean semblait alors apprécier ces couleurs séparées, cloisonnées qui ne souhaitent pas se toucher. Pour lui mélanger les couleurs seraient une grande erreur, qui apporterait au ciel angélique une pâleur effrayante, une laideur irritante qui serait capable d’éveiller l’immense colère des Dieux.

C’est alors que Petit Jean sentit une goutte d’eau frôler son manteau, une autre vint s’écraser contre son œil transparent. Petit Jean  se releva et observe le teint changeant du ciel, l’arc en ciel auparavant si bien agencé, si bien équilibré et séparé par couleur semblait maintenant bien flou, comme si les couleurs s’étaient d’un coup regroupés, mélangés les unes aux autres afin de ne former qu’une grande mosaïque, une gigantesque toile éclatante de lumière. Petit Jean s’offusqua devant cet impressionnant spectacle, son œil transparent et son œil normal ne parvinrent plus à rester ouvert, cet assemblage de couleur la haut lui donna cette terrible sensation d’échec, il n’arriverait jamais au bout de l’arc en ciel si celui-ci se rassemblait. Il pesta le poing levé vers le ciel, disputa les Dieux et insulta les anges, ces anges jusque là si parfait à ses yeux… quand soudain, au milieu des moutons et des biches de la foret, il entendit une voix sortit tout droit d’un beau nuage blanc saint et pur, une voix belle douce et humble, une voix française :

«  Mon fils, quand tu fais la guerre au ciel, tu fais la guerre à Dieu. »

Petit Jean fît foudroyer par une lumière éclatante, métissée de toutes les couleurs du ciel.

 

 

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