Créer des mots lors de l'écriture d'un roman est assez courant, surtout lorsqu'il s'agit de
fantasy ou de science-fiction, où les nouveaux concepts/objets abondent. Parfois, il s'agit même de langues entièrement créées par les auteurs.
Il est, de ce fait, parfois difficile de créer un ensemble de mots cohérents qui ne donnent pas l'impression d'avoir été obtenus en tapant aléatoirement sur son clavier.
C'est pourquoi je vous présente ici les différents processus de création de mots en français (mais communs à plusieurs autres langues) desquels vous pouvez vous inspirer.
Déjà, sachez qu'il existe
trois types de néologie : la néologie sémantique, la néologie formelle et la néologie par emprunt. Je vous donnerai à continuation de brèves explications ainsi qu'une application possible pour un univers
fantasy.
La néologie sémantiqueLa néologie sémantique, c'est quand un mot change de sens (en conservant ou non l'ancien). Cela peut être dû à l'évolution naturelle de la langue, ou à une nécessité créée par l'apparition d'un concept nouveau.
Pensez, par exemple, aux
fenêtres des ordinateurs, ou aux
tablettes. Les deux sont loin de leur sens d'origine
Un univers
fantasy (ou SF) peut avoir tout à gagner à limiter le nombre de mots étranges qui souvent manquent de cohérence.
Prenons le cas d'un personnage qui est capable de sentir venir le danger, faculté qui est répandue parmi les gens du peuple. L'auteur peut décider d'appeler cette faculté
Zblerf, ou il peut prendre un mot déjà existant, comme instinct, sens, etc. En rajoutant simplement une majuscule au mot choisi, le lecteur comprendra que le terme représente un autre concept que celui qu'il connaît, et l'intègrera plus facilement que
Zblerf.
La néologie formelleLa néologie formelle est, comme son nom l'indique, la néologie qui touche à la
forme des mots. Il en existe plusieurs types : la dérivation, la conversion et la composition..
La dérivationC'est le fait d'ajouter un préfixe et/ou un suffixe à un mot. Par exemple
décoller est un dérivé de
coller, auquel on a ajouté le préfixe
dé-.
C'est un processus de création extrêmement productif avec lequel vous pouvez vous amuser !
Mais ce à quoi il faut surtout faire attention, c'est de garder une certaine logique dans les affixes.
Si vous décidez par exemple de garder un système de semaine à sept jours, ce qui est le propre de l'Europe, vous constaterez que la plupart des langues européennes ont le même suffixe pour tous les jours de la semaine (en français il s'est transformé en préfixe pour
dimanche, mais il est bien là.)
Il est donc cohérent, si vous vous basez sur ce système mais que vous souhaitez changer les mots, de choisir un suffixe et de s'y tenir.
La conversionC'est le fait de faire passer un mot d'une catégorie grammaticale à une autre sans changer sa forme (ou, dans le cas des verbes, et rajoutant uniquement -er).
Il est souvent utilisé pour créer des verbes, comme par exemple le
magasiner québécois.
Cela peut être très utile si vous créez un nouveau concept et que vous souhaitez en faire un verbe.
Si vous avez choisi de garder le
Zblerf de tout à l'heure, vous pouvez tout à fait parler de
zblerfer, par exemple.
La compositionComme son nom l'indique, il s'agit du processus qui crée les
mots composés. Il en existe plusieurs types.
La
composition savante, c'est le fait de rajouter un préfixe ou un suffixe latin ou grec, comme dans
égocentrique.
Cependant, les mots composés peuvent aussi être formés à partir de deux mots français (ou d'une autre langue), comme
porte-clé.
Enfin, les plus sympa (non non, ce n'est pas du tout subjectif
), ce sont les
mots-valises.
C'est le fait d'assembler deux mots dont un au moins est tronqué, comme le
pianocktail (un piano qui fait des cocktails) de Boris Vian.
Le but des mots-valises, c'est que les sens des deux mots soient présents dans le mot final.
Avec la composition, vous pouvez assembler des mots français, des mots inventés, des mots français avec des mots inventés... Il y a de quoi faire !
La néologie par empruntEncore une fois, le concept est assez transparent. Il s'agit de prendre un terme d'une autre langue pour nommer un concept nouveau. Actuellement, il y a beaucoup d'emprunts qui viennent de l'anglais, surtout dans le domaine des nouvelles technologies, je ne vous ferai donc pas de liste.
Il est cependant utile de savoir que les emprunts font partie de la vie des langues, à moins qu'elles ne soient complètement isolées, et que les mots provenant de l'anglais sont loin d'être un nouvelle norme.
Saviez-vous par exemple que
paquebot vient en fait de l'anglais
packet boat ?
Appliqué à un roman
fantasy, ce type de néologie peut être intéressant s'il existe plusieurs langues dans le roman en question.
Pensez aux
lembas du
Seigneur des Anneaux, terme elfique utilisé en langue commune pour décrire un objet... elfique, oui, vous avez bien suivi.
Le fait d'insérer des mots d'une langue qui est en contact avec la langue principale du roman peut donner plus de crédibilité à votre récit, pensez-y
Voilà, c'est tout pour le moment. Ce ne sont évidemment pas les seuls processus de formation de mots, mais ce sont selon moi les plus productifs en ce qui concerne la littérature, surtout pour ce qui est
fantasy et science-fiction.
Et n'oubliez pas que le plus important, c'est que l'ensemble reste cohérent !