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  Susanoo no Densetsu !
Kyareiku
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MessageSujet: Susanoo no Densetsu !   Susanoo no Densetsu ! Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 0:19

Fortement inspirée des légendes japonaises, cette nouvelle en tire toute son essence ; ainsi j'espère qu'elle vous plaira. ^^
Un lexique est à la fin pour les mots non français.
Attention c'est assez long... Bonne lecture ! Very Happy

SUSANOO NO DENSETSU
(LA LEGENDE DE SUSANOO)


Il y a très longtemps, dans le Nippon ancien, plein sud-est dans la région du Kantô... Existait un petit village du nom de Shintô. Un petit bourg aux ruisseaux cristallins qui serpentaient entre les Sakura, les Lotus et autres différents végétaux rares qui poussaient ça-et-là. Ce village est célèbre dans tout le pays pour sa pureté exceptionnelle due à la protection de Sakuya, la déesse de la nature, qui repoussait toute forme de pollution, ainsi que toute idée noire du cœur des habitants. Mais aujourd'hui, ce n'est pas la beauté du paysage qui nous y amène, loin de là...

Shintô reste à ce jour le seul village encore vivant du territoire. Le reste du pays est souffrant, il est torturé de flammes noires démoniaques, imprégnées de la haine et du désir de puissance de leur invocateur, qui sommeillait à l'extrême opposé de là. Aux tréfonds de l'Antre de la Lune, Tsuki no Hora, qui s'élève jusqu'aux étoiles et s'enfonce très loin dans la terre. L'entrée et la route qui y emmenait était aussi sombre que le feu nourri d'ombres sévissant dehors, aussi sombre que le cœur de la créature qui y avait élu domicile. Au fin fond de la grotte, au milieu d'un bain de lave, un corps rond surmonté d'une cloche en bronze baignait tranquillement, attendant l'heure. Un remous dans la lave précéda l'apparition de huit têtes de serpent, dotées de masques sur lesquels étaient gravés un Kanji, chacun représentant un élément : le kanji du feu, celui de l'eau, celui du vent, de la terre, de la foudre, du poison, de la lumière et des ombres. Le dragon serpent octocéphale : Yamata no Orochi !

Orochi est un puissant Yokaï issu du fond des âges qui, pour survivre, a besoin de dévorer une jeune fille chaque année. C'est pour cette raison que lors du Festival du Saké Céleste, qui se déroule lors de la première pleine lune de l'année a Shintô, tandis que la bonne humeur est à son paroxysme, le serpent géant matérialise dans le ciel une flèche aussi blanche que l'astre lunaire qui traverse ensuite les cieux vers le petit village et se plante pour finir dans le toit de la prochaine condamnée. Un ultimatum lui est alors accordé : soit elle part vers Tsuki no Hora équipée du Saké Céleste nécessaire au rituel du sacrifice pour se livrer au Yokaï... Soit elle se désiste et alors, c'est tout le village qui périt, et même Sakuya ne pourra rien faire face à un tel monstre.
A ce jour, quatre-vingt-dix-neuf jeunes filles ont perdu la vie, et l'enthousiasme du Festival annuel s'est depuis longtemps transformé en crainte mortelle. C'est ici que notre histoire commencera, le soir du centième Festival, un peu avant que la flèche de la Lune ne désigne sa centième victime... Mais pour comprendre, il serait sage de faire un bond dans le temps. Une vielle légende qui relate de la séparation d'Izanagi et Izanami, les tous premiers dieux fondateurs du globe. Mais vous vous doutez bien qu'il ne s'agit pas d'une simple légende, puisque ce qui suit causera la plus grosse période meurtrière du Nippon...

Izanagi n'en revenait toujours pas. Il revenait des enfers, de l'antre de Yomi, il avait vu sa femme... Ou plutôt ce qu'il en restait. Mais il resté scandalisé. Son pouls ne ralentissait pas, son cœur désormais déchiré ne faisait de cesse que de le martyriser. Izanami, la femme qu'il avait aimé tant de siècles, la déesse-mère, celle avec qui il avait créé cet empire, celui du Nippon... Le dieu ne pouvait pas croire qu'elle avait été réduite à ce petit tas de chair putréfiée habité de vers et autres asticots répugnants. C'était impensable, elle qui était si belle avant... Avant... Avant qu'elle ne meure en donnant naissance à Kagutsuchi, le Kami du feu. La chaleur du dieu l'avait complètement consumée... C' était entièrement de sa faute !
Izanagi dégaina son sabre, observant le sang séché qui s'y trouvait. Même vengée, il savait que décapiter Kagutsuchi ne la ramènerait pas, mais la douleur était si forte que le mouvement avait presque été automatique, inconscient... Il rengaina son arme, remarquant les taches sombres sur sa peau. Le voyage dans l'antre de Yomi n'était pas sans risque, aussi devait-il vite se purifier de l'ombre avant qu'il ne subisse la même transformation que feu sa femme. Le dieu s'éleva dans les cieux, très haut, et rejoignit son île, là d'où il avait créé le monde avec Izanami. Puis, après s'être dévêtit, il entra dans la source purificatrice. L'eau chaude l'accueillit, le débarrassant des impuretés sombres qui s'évanouirent à son contact. Izanagi leva les yeux vers le ciel blanc, immaculé et froid, et sa tristesse s'accentua. Des larmes perlèrent au bord de ses yeux sans pupille... Il les chassa avec ses mains puis entama sa toilette. Il se lava le visage en insistant sur les yeux et le nez qui s'illuminèrent soudainement. De toute sa tristesse, de sa rancune envers le Kami du feu et de son dégoût envers Izanami naissèrent trois Kami : de son œil droit s'éleva une boule de lumière rouge qui fusa vers les cieux et explosa. le Soleil, la chaleur et les couleurs naquirent ainsi, avec Amaterasu OmiKami comme gardienne, Kami du jour.. De son œil gauche s'échappa une boule de lumière bleutée, suivant de près sa jumelle. Elle s'étira de toute part, recouvrant le ciel du monde avant d'éclater en morceaux : les étoiles et la Lune apparurent, avec Tsukuyomi OmiKami comme gardien, Kami de la nuit. De son nez s'évacua une goutte qui, au contact de la source, se multiplia à l'infini au point de déborder de l'île et de tomber en cascade vers la terre dans un vacarme assourdissant. Les crevasses du monde se remplirent de cette eau et des remous naquit Susanoo, Kami des mers et de l'orage. Ainsi furent apparus les trois Kamis Célestes, enfants des créateurs.
Les années qui suivirent la séparation d'Izanagi à sa bien aimée furent bien tourmentées : Susanoo convoitait l'élément de sa sœur Amaterasu et de ce fait ne la laissa jamais en paix. Il noyait les récoltes qu'elle faisait pousser avec le Soleil, il tua son cheval, il rendit infertile le Kami de l'amour pour qui elle s'était éprise... De peine et de fureur elle s'exila loin, très loin de l'île divine n'ayant même plus le courage de riposter aux coups de Susanoo, privant le monde de lumière. Ce dernier, croyant enfin obtenir le don du Soleil, alla voir Izanagi, mais rien n'y fit : le dieu était furieux et scandalisé des agissements du Kami et, comme lui avait conseillé les Kami nés d'Izanami, le banni définitivement du royaume Céleste. Ils lui coupèrent barbe et ongles et l'envoyèrent sous les nuages.
La haine de tous ces dieux descendit sur Terre avec Susanoo, donnant naissance au Dragon serpent de la légende. Le dieu avait trouvé refuge dans son monde, au fond de l'océan, tandis qu'Orochi tourmentait les hommes sur la terre. Étant le fruit de la colère mutuelle des Kami Célestes, ces derniers n'osaient l'affronter et voyant le mal qu'il infligeait à la terre d'Izanagi, ils s'en éloignèrent peu à peu jusqu'à ne plus la regarder. Et Amaterasu qui ne savait rien de l'histoire...
Cent ans s'écoulèrent depuis ce jour funeste, et Susanoo décida que puisqu'il ne pouvait plus vivre sur l’Île des Kami, alors il explorerait le monde sous les nuages. Il remonta des profondeurs, posant le pied sur le large du Kantô. C'est maintenant que l'histoire commence...

« Mais qu'est-ce que... C'est cela, la terre parfaite qu'a créé Izanagi ?! C'est une blague ! »
Tout n'était que friche glaciale mordue par les flammes noires d'Orochi. Les quelques arbres morts soutenus par on-ne-sait quel miracle constituaient le relief du paysage, les cours d'eau étaient asséchés de tout poisson et constituaient en quelques dédales traversant la plaine du Shinssu. Susanoo leva les yeux vers le ciel noir sans étoiles et pesta contre les dieux. On crée un monde aussi imparfait et c'est lui que l'on exile ? Lui qui désirait juste un pouvoir qui n'existe même plus maintenant ? Logique pitoyable...
Le dieu déchu entama sa marche à travers le feu nourri d'ombre sans sourciller, observant les ravages provoqués. Ce n'était pas l’œuvre d'Izanagi, ni même d'Izanami d'ailleurs. Un feu aussi sombre et malfaisant, quelle utilité ? Il étudia plus particulièrement cette énergie, s'en imprégnant. Il n'arrivait pas à détecter quoi que ce soit... Ses sens se sont-ils engourdis pendant ce siècle ? Ou alors sont-elles venues naturellement ? Tellement de questions auxquelles il n'avait pas de réponse... Et Susanoo n'aimait pas ne pas savoir.
Le Kami se concentra de nouveau, élargissant son périmètre d'étude avant d'enfin repérer une trace de vie ! Même trois... deux femmes et un homme humains. Et la source n'était pas loin... en plus d'être vivante !
« Peut-être vais-je enfin savoir ce qui se trame dans ces contrées... pensa le renégat. En attendant, je ne peux pas laisser une forêt aussi dévastée derrière moi ! »
Susanoo leva un pied qu'il posa sur sa cuisse, leva un bras au niveau de sa bouche et un autre au dessus de sa tête. Un léger séisme secoua le monde, avant de s'intensifier, puis de laisser s'éclater une dizaine de geysers par delà la plaine. L'eau chaude restaura les rivières vides et balaya le feu sombre, tout en alimentant les pousses mortes sur le sol. Ces dernières retrouvèrent la forme, mais pour combien de temps ? Après tout, sans le Soleil d'Ama, elles ne survivraient pas longtemps... Bah il trouverait un moyen. Aujourd'hui les intentions du dieu étaient toutes autres : retrouver la trace de ces trois humains. Il s'élança à travers la forêt désormais propre, plein vers l'ouest.

[Caverne merveilleuse, refuge d'Amaterasu]


« Ama, s'il te plaît ! Sors d'ici maintenant ! Tu lui en veux encore cent ans après ? »
« Ça ne sert à rien d'insister, Kaguya. Ce Yokaï a gâché plus que quelques années, il a anéanti les terres sur lesquelles je cultivais, il a démembré mon cheval devant moi et mes prêtresses qui tissions, ce qui a d'ailleurs causé le suicide de l'une d'elles, et il a rendu le seul Kami pour qui j'étais éprise stérile ! Il a gâché mon passé et mon avenir ! Kaguya, est-ce que tu peux comprendre ça ? » rétorqua la déesse du Soleil.
« A vrai dire non, mais je peux imaginer ta peine... Mais sache qu'en te cachant ainsi depuis tout ce temps, tu prives l'univers de toute lumière et tu rends malheureux de nombreux dieux ! Reviens Ama... S'il te plaît ! » supplia Kaguya.
« Non. Et ça ne sert à rien d'insister car comme tu peux le voir, même toi, la princesse de la Lune, la fille de mon frère, tu ne me convaincs pas. Laisse-moi maintenant... »
La petite Kaguya insista une dernière fois, et, subissant un nouveau refus, repartit pour l'île des Kami. Elle ne comprenait pas pourquoi Amaterasu ne voulait pas revenir maintenant que Susanoo était banni. Elle n'avait plus rien à craindre pourtant !
La princesse alla rejoindre son père et discuta avec lui de son infructueuse tentative. Le Céleste n'éleva même pas un sourcil, il avait vu l'échec venir de loin. Il connaissait Amaterasu plus que quiconque : elle était beaucoup trop fière, têtue et déterminée pour revenir.
« Père, dis moi... Au lieu de forcer Ama de revenir, on ne pourrait pas la laisser faire de son plein gré ? Je veux dire, l'attirer par la ruse. Il n'y a pas quelque chose qu'elle aime plus que tout au monde ? » demanda Kaguya.
Tsukuyomi resta bouche bée. C'était une idée très intéressante, excellente même !
« Kaguya, tu viens de me donner l'idée du siècle. On ne vas pas l'attirer par quelque chose qu'elle aime, mais plutôt par jalousie... En effet, Ama déteste la concurrence. » expliqua le Kami
« Ah ? Mais qu'est-ce que ça veut dire? »
« Tu verras bien... Convoque le plus de Kami possible, et rejoins-moi au refuge de ta tante ! »

[Plaine de Ryoshima, ouest de la plaine de Shinshu, frontière du Shintô]


Susanoo courait si vite qu'on aurait pu penser que les arbres s'écartaient à son passage. Étant le dieu de l'orage, même la foudre n'arrivait pas à sa cheville. Il se rapprochait rapidement de ses cibles, qui d'après ce qu'il ressentait, étaient séparées. L'aura de l'homme du groupe était a quelques mètres, les autres étaient un peu plus loin, avec des dizaines d'autres énergies similaires. Il y avait donc un village pas loin... Il s'en occuperait après. Le dieu ralentit subitement, caché derrière un arbre, observant la scène devant lui. Un humain... Un vrai ! Un homme d'une cinquantaine d'années vêtu d'un chapeau immense, qui récoltait du riz qu'il avait réussi à faire pousser en plantant un grand nombre de torches autour de son petit champ. C'était ingénieux... Après tout, le feu, c'était comme une sorte de mini-soleil au final.
Susanoo sortit de sa cachette et interpella le paysan :
« Humain ! Je pourrai connaître ton nom ? »
« Tu te prends pour qui pour me parler comme ça toi ? » répliqua le paysan qui se redressa, arrivant à peine au menton du Kami.
« Pour qui je me prends ? Tu ne reconnais pas Susanoo, le grand dieu des marrées ?! »
« Ben voyons, ça fait belle lurette qu'on a eu aucune intervention quelque peu divine dans le coin... Et Susanoo est barbu jusqu'au nombril en plus. C'est pas comme ça que tu m'auras mon grand ! »
Le Dieu réfléchit. Il faisait sûrement allusion à la disparition du Soleil il y a bientôt un siècle... Et son bannissement ne l'avait pas vraiment arrangé physiquement, il était complètement méconnaissable. Peut-être devait-il jouer le jeu...
« Zut, j'ai raté mon coup. En effet, mon vrai nom est... Hum, Mizunoo, et j'aspire a devenir le plus grand guerrier du Nippon ! J'ai débarrassé la plaine derrière de sa malédiction et je suis venu explorer par ici, curieux. Je pourrai connaître ton nom, et savoir ce qui se passe ? » questionna le renommé.
« Eh bien jeune Mizunoo-kun*, mon nom est Hoïdan, mais dans mon village, Shinto, on me renomme Papy Ananas à cause du fruit sacré que je cache sous mon chapeau. »
L'homme tira la révérence, ôtant son couvre-chef, dévoilant un ananas plus qu'appétissant, dégageant une odeur envoûtante.
« Et quant à ce qu'il se passe, à vrai dire, cela m'étonne que tu ne sois pas au courant. J'allais rentrer avec ce riz qui servira à la préparation du Saké Céleste, viens avec moi au village je t'expliquerai tout en chemin. »
Mizunoo acquiesça, puis comprenant que « viens avec moi » voulait en fait dire « viens avec moi et n'oublie pas de prendre le riz », il s'empara des récoltes et accompagna Papy Ananas. Ce dernier lui conta comment Orochi, le dragon légendaire octocéphale était arrivé, comment les flammes noires étaient apparues et avaient tout consumé en cent ans, ainsi que le moyen de subsistance du Yokaï, et la flèche blanche qui désignait sa victime. Papy Mandarine avait huit filles, et sept d'entre elles sont mortes sacrifiées l'une après l'autre. Malgré le réconfort de tout le village, il était persuadé que cette année, c'est sa dernière fille, Kushinada, qui allait y passer. Le Kami de l'orage demanda une brève description du serpent, ce que l'homme âgé s'empressa d'expliquer : C'était un corps aussi gros et solide qu'un rocher, surmonté d'une cloche de bronze, le tout attaché à huit grands corps de serpent, chacun maîtrisant un élément particulier parmi les quatre éléments naturels, en plus de la foudre, du poison, de la lumière et des ténèbres. Les légendes urbaines racontent que sur son corps, qui s'étend sur huit vallées et huit montagnes, poussent de la mousse, des cèdres et des cyprès et sur son ventre coulent des rivières de sang entre ses chairs incandescentes. Il serait apparu pour la première fois vers les provinces de l’extrême ouest du Nippon, qu'il a traversé en semant chaos et désordre sur son chemin, pour finalement s'installer dans l'Antre de la Lune au nord du Shintô et commencer son meurtre annuel et bientôt centenaire.
Ses explications continuèrent même après leur arrivée dans le village, qui respectait totalement les rumeurs faisant parler de lui. Pas un brin d'herbe mort, pas une branche incomplète de toutes ses feuilles multicolores, pas une seule fleur fanée... Des centaines de torches un peu partout gardaient l'endroit éclairé et vivant, animé par les résidents qui allaient et venaient sur les chemins de dalles. Papy Ananas le conduit jusqu'à la plus grande maison du bourg, qui contenait également les deux autres auras familières. Mizunoo entra à sa suite et resta soudain stoïque devant le spectacle devant lui. Deux femmes étaient présentes mais une retint particulièrement son attention : une jeune fille dans la fleur de l'âge aux cheveux longs, noirs comme des ailes de corbeau, et deux rubis dans les yeux, intenses sous la lueur de la torche. Des traits fins et délicats définissaient son visage, le rendant plus beau que n'importe quel autre, et un kimono pourpre soulignaient des courbes harmonieuses l'habillait modestement. Des sandales complétaient la panoplie. Le Kami était complètement envoûté.
« Mizunoo ? Tu es encore en vie ? » questionna Papy Ananas en secouant le dieu par les épaules.
« Que qu'hein ? Oui oui, ça va... Vous disiez quelque chose ? » s'excusa Mizunoo.
« Eh bien j'étais en train de te présenter ma femme Mamie Ananas et Kushinada, ma dernière fille. »
En effet la plus âgée des deux femmes portait un chapeau tout aussi étrange que celui de son époux, qu'elle retira en révérence, ce que Mizunoo lui rendit. Il s'inclina en premier, en revanche, envers la jeune femme qui y répondit timidement par un même salut. Cela lui donna un précieux renseignement : ou bien elle était impressionnée par la stature du renégat, ou alors son charme n'était pas sans effet... Hé hé hé !
« Papy, ne dis pas ça comme ça voyons... Je t'ai déjà dit que même si c'est idiot de penser ça, Kushinada n'est pas la seule jeune femme du village ! Pourquoi ça devrait être elle cette année ? » demanda Mamie avec un peu d'énervement dans la voix.
« Peut-être parce que mes sept autres filles y sont passées les unes après les autres ! » s'énerva le vieux père.
Un bruit de verre brisé coupa net à la discussion. Kushinada venait de faire tomber un vase... Elle s'enfuit en pleurant hors de la maison, sous les soupirs exaspérés de Mamie Ananas.
« Tu vois ce que tu viens de faire ? Va t'excuser tout de suite ! »
« Je ne sais même pas par où elle est partie ! Si ça se trouve elle est en train d'aller d'elle même à l'An... »
« SILENCE ! »
« J'irai. Je vais chercher Kushinada et je la rassurerai, je lui dirais qu'elle ne mourra pas parce que je tuerai Orochi de mes mains. » déclara froidement Mizunoo.
Attendez... C'est lui qui venait de dire ça ? Mais il n'allait pas bien ! Affronter un colosse centenaire comme ça avec seulement un sabre comme équipement ?! C'était...
« Suicidaire... Complètement stupide comme idée ! Ce n'est pas parce que tu te proclames Plus grand guerrier du Nippon que tu pourras affronter un Yokaï pareil ! »lança Papy Ananas.
« Quelqu'un a t-il déjà essayé au moins ? L'avez vous seulement aperçu ce Serpent géant ? »
« Chaque fois qu'il décoche sa flèche. » avoua Mamie Ananas.
Mizunoo avala de travers. Donc ce soir, il verrait la bête en taille réelle ? En y réfléchissant, il était un dieu ! Déchu certes, mais un Kami, et un puissant Kami même ! Et de cette façon, il pourrait empêcher Kushinada de mourir... Tout était décidé.
Il franchit la porte de la maison une nouvelle fois, cherchant la jeune femme grâce à son aura. Elle était perchée au sommet d'une falaise qui donnait une vue sur tout Shintô. Presque trop facile...
Il emprunta le sentier qui y conduisait, en admirant le paysage au passage. Ce petit bourg, c'était vraiment un paradis sur Terre, même sur l'Île des Kami les fleurs n'étaient pas aussi belles. Ni les femmes d'ailleurs... Mais à quoi il pensait ? Il devait se concentrer !
« Kushinada ? C'est bien votre nom, n'est-ce pas ? » demanda le dieu en arrivant derrière la demoiselle.
« O... Oui, c'est bien m...moi... » réussit-elle à articuler entre deux sanglots.
« Je suis simplement passé pour vous dire que vous n'avez plus besoin de pleurer, puisque vous ne serez pas dévorée par Orochi, pas plus qu'une autre femme de ce charment village. »
Elle écarquilla très grand les yeux, demandant une explication.
« Eh bien... Je ne trouve pas cela normal qu'un démon puisse vivre, aussi manger une femme aussi belle que vous serait un crime affreux... J'ai donc décidé de tuer ce serpent. »
« La seule personne qui mourra, ce sera vous si vous faites ça... Orochi est un monstre horrible à huit têtes vous savez ? »
« Et moi je suis le plus grand guerrier du Nippon ! Je suis capable d'occire n'importe quelle créature hostile avec ma lame. » se contenta t-il de répondre.
Le Kami dégaina son arme, Totsuka no Tsurugi, l'arme des Dix mains* et la fit danser en tranchant l'air. Kushinada demeura admirative et impressionnée devant une arme aussi longue et tranchante que celle-ci. Peut-être qu'au final... De toutes façons elle était condamnée, alors autant essayer...
« C'est d'accord. » déclara la jeune femme en séchant ses dernières larmes. « Vous ne le savez peut-être pas, mais lors du Festival annuel du Saké Céleste que l'on célèbre chaque année à Shintô, c'est moi-même qui brasse le saké en dosant les ingrédients pour qu'il ne soit ni trop alcoolisé, ni pas assez, ni trop amer ou autre. Voilà ce que je vous propose... »

[Caverne merveilleuse, refuge d'Amaterasu]


« Vous êtes tous prêts ? » demanda Tsukuyomi en chuchotant. « Alors on commence... OH ! Mais qu'est-ce donc que cette femme à l'horizon ? »
« Ciel, qu'elle est belle ! Je n'ai jamais vu aussi resplendissante créature depuis des dizaines d'années. » déclara Kanayama, Kami du métal.
« Je suis d'accord ! Personne auparavant n'avait une cascade de cascade de cheveux sombres aussi soyeuse et brillante ! »surenchérit Kaguya.
La quinzaine de Kami réunie débattait ensemble sur les atouts de cette femme qui n'existait pas, dans le seul but d'attiser la jalousie d'Amaterasu et de la faire sortir. Cinq minutes s'écoulèrent sans qu'aucun bruit ne trahisse Ama de sa jalousie légendaire... enfin presque.
« Je crois même qu'elle est encore plus belle que cette déesse.. vous vous rappelez ? Cette divinité qui commandait au Soleil ! C'était quoi son nom déjà ? » osa dire le Kami du temps.
C'en était trop. La colère d'Amaterasu grandissait lentement, mais cette dernière réplique était de trop. Elle tentait de tout son cœur de résister, mais l'envie de voir cette femme était trop grande. Elle allait pulvériser le rocher qui obstruait la sortie quand Kaguya cria :
« Maintenant !! »
Kanayama créa un mur de métal qu'il polit au maximum, jusqu'à donner un aspect miroir qu'il plaça devant la caverne. Le caillou éclata en morceau et Amaterasu allait laisser éclater sa fulminante lorsqu'elle se vit dans le reflet. Cent ans après s'être enfermée, elle ne se reconnaissait pas et croyait que cette femme devant le miroir était une toute autre femme, vraiment plus belle qu'elle... Elle ne savait pas quoi dire ou faire, alors elle se contenta de s'incliner devant le métal polit. En se redressant, il avait disparut et la déesse redécouvrit tous les Kami un par un, dont Kanayama, le miroir sur l'épaule. Tout devint subitement clair... Un sourire se dessina sur son visage, tandis que le Soleil réapparaissait dans le ciel des Kami. Sa lumière illumina l'île, l'inondant de chaleur. Sa clarté ne devrait pas tarder à éclairer le monde d'en dessous des nuages maintenant.

[Maison de Kushinada, brasseuse de Saké]


La légendaire flèche immaculée se matérialisait dans le ciel, fière et droite, devant son invocateur. Orochi était là-haut, observé par le duo. Il était grand, très grand.... Un clin d’œil plus tard, il avait disparu et la flèche avait déjà terminé sa course folle sur le toit de la maison de Papy et Mamie Ananas, comme le père de la jeune femme s'y était attendu. Mais Kushinada était confiante, et était déjà sur le chemin vers l'Antre de la Lune. Quel courage, chuchotèrent les villageois. Elle s'était déjà résignée à son destin... C'est vraiment bête de donner une femme comme elle en pâture à un monstre.
Accompagnée de Mizunoo qui transportait le bac de Saké Céleste pour le rituel, la jeune femme était anxieuse. C'était sa vie qu'elle mettait en jeu, mais aussi celle de son compagnon. Kushinada jeta un coup d’œil vers Mizunoo : il était incroyablement calme, ou alors juste impassible ? Il allait combattre un Yokaï redoutable, personne ne pouvait être aussi détendu à sa place... Elle se demandait bien qu'est-ce qu'il pouvait avoir derrière la tête. Mais bon, elle devrait peut-être arrêter de s'inquiéter autant ? Peut-être que cet homme était vraiment le plus grand guerrier du Nippon ? Si c'était le cas, alors il n'avait pas le droit de perdre. Car s'il échouait, alors cela voudrait dire que rien ne pourra sauver le pays.
Le temps s'écoulait, les minutes se succédaient sans qu'elle n'y prête vraiment attention. Mais ils avaient beaucoup marché : l'Antre se dessinait lentement à l'horizon, ténébreuse et menaçante. Ils accélérèrent le pas, Mizunoo portant désormais la jeune femme sur ses épaules, assise sur le bac de Saké. Elle ne pourrait pas le suivre, rapide comme il est... Dégainant Totsuka, il se mit à courir, ne faisant plus qu'un avec le vent. On se demandait presque qui poussait l'autre. Et en quelques minutes ils étaient devant la caverne.
« C'est maintenant que tout se joue, n'est-ce pas ? Si je vaincs ce monstre, votre calvaire sera terminé et vous serez sauve. » déclara simplement Mizunoo avant d'entrer.
« Exactement... J'espère que notre stratagème va marcher... » soupira la jeune femme en guise de réponse, suivant le dieu.
La grotte descendait abruptement, ne pas tomber était un vrai défi. L'humidité n'aidait pas du tout à la tâche, et les nombreuses imperfections dans la roche étaient des dangers mortels.
« Ce serait stupide de mourir comme ça... » pensa Mizunoo. Il reprit à voix haute : « Kushinada-chan*, faites attention, c'est vraiment escarpé i... »
« HAN, AAAAAAAAH ! »
Le dieu se retourna de stupeur et se prit la jeune dame de plein fouet : ses sandales n'avaient absolument pas été faites pour marcher dans des grottes trempées ! Ils déboulèrent dans la grotte de plus en plus vite, ils allaient mourir empalés si ça continue ! Tant pis pour sa couverture de guerrier, il n'avait pas le choix ! Mizunoo invoqua une trombe d'eau qui gicla du sol, créant un rapide courant d'eau qui ne les faisait pas ralentir du tout mais les mettait plutôt à l'abri d'un éventuel empalement. Le torrent les guida pendant quelques minutes avant de terminer sa course sur un sol de nouveau horizontal. L'eau s'évacua par de nombreux trous visibles dans le sol. Visibles, oui, éclairés par un bain de lave quelques mètres devant eux.
« Comment cette eau a t-elle pu... ? Alors qu'il fait si chaud ! »
« Je... Je n'en sais pas plus que vous. » menti le Dieu de l'eau. « Tout a commencé ici et se terminera ici. Kushinada, il est temps de mettre notre plan en action. »
« Très bien... Si vous voulez bien vous retourner... »
Mizunoo opina du chef, regardant le magma bouillonnant tandis que la jeune femme ôtait son Kimono pour le donner au Kami de l'eau qui l'enfila. Il attacha ses cheveux noirs en un petit chignon serré, s'équipa du bac de saké et s’avança au bord du lac de couleur rubis. Une bulle se forma à sa surface, avant d'éclater pour créer un remous. D'autres bulles suivirent la première, le niveau de la surface ondulant dangereusement. Puis, dans une explosion pourpre, s'échappa de la lave une bulle énorme contenant une plate-forme en pierre noircie et, se dressant fièrement dessus...
« Yamata no Orochi, le dragon serpent octocéphale... »
« GROOOOOOOOHOOOOOH ! C'est donc toi, mon centième plateau-repas... Je m'attendais à bien mieux que ça, je choisirais mieux la prochaine fois... Tant pis, je te ferai tout de même un honneur en ne te mastiquant pas trop rapidement ! » grogna Orochi.
Chaque tête était équipée d'un masque indiquant l'élément qui lui était attribué. Le feu, l'eau, le poison, la lumière... Huit éléments différents pour huit têtes menaçantes. C'était le combat final !
La tête de l'eau se plaça devant lui, tournoyant très près du Dieu.
« Pour toi, je vais décider de te noyer sous des litres d'eau, avant de brûler ton corps à la bonne température que je partagerait entre mes têtes... Tu as l'air vivace, peut-être m'amuseras-tu un peu ? AHAHAH ! »
Le dragon eu un spasme avant que L’Eau ne crache une rivière de sa bouche, arrosant le dieu du même élément. Mizunoo frima un peu en rigolant, mais déchanta très vite lorsque ses cheveux se détachèrent et que le Kimono se déchira : les habits de Kushinada n'étaient vraiment pas fait pour des explorations pareilles !
L'eau du Yokaï avait cependant refroidi la lave, la transformant en pierre magmatique et plongeant ainsi la grotte dans la pénombre complètement.
« Lumière ! »
La tête reliée à l'élément Lumière ouvrit la gueule, un flash permanent illuminant la caverne. Mizunoo était à découvert ! Le dragon, voyant la réelle identité du dieu, s'énerva rapidement.
« Non... Ton village de reclus a osé me jouer un tour ? Ah ah... Fous qui vous permettez de jouer avec moi, vous allez voir ce qui se passe quand on se moque de Yamata no Orochi ! »
Les huit têtes du dragon fendirent l'air, pourchassant le Kami. Ce dernier les esquiva, avant de rouler derrière son bac de Saké. Le dragon, aveuglé par la rage, attaqua sans réfléchir et happa le tonneau complet, qu'il avala sans plus de façons. Orochi eut un spasme mais cette fois, aucun liquide ne sortit de sa gueule : des petites bulles se formèrent aux commissures de ses lèvres, les yeux de chaque tête devinrent vitreux et rouge sang.
« Ça a marché Kushinada ! CA A MARCHE ! Il est vulnérable maintenant ! » cria Mizunoo, Totsuka désormais dans sa main.
« F...Fous qui osez... Jouer avec moi... Ça ne se terminera p... pas comme... Hips ! Comme ça ! »
Un séisme ébranla toute la montagne, Kushinada vêtue de son habit déchiré accourant aux côtés du dieu. Qu'est-ce qui allait se passer ? Ils ne tardèrent pas à le savoir : la plate-forme se fissura, puis une grosse explosion la propulsa très haut, très vite, trop vite ! Orochi avait formé sa bulle géante, la taille imposante de cette dernière protégeant involontairement le duo du plafond. Si elle éclate, c'était fini... ! Mais elle tint bon, jusqu'à ce que la plate-forme ne perce le plafond final, s'élevant haut dans le ciel ensoleillé. En... Ensoleillé ?!
« Amaterasu est revenue ? Incroyable... Ils ont réussi à la convaincre là-haut... » admira Mizunoo. « C'est forcément un signe : si le Soleil a disparu il y a cent ans, coïncidant avec l'apparition d'Orochi, alors le retour du Soleil symbolisera son testament ! Orochi ! C'est ici que tu mourras ! »
La pierre sur laquelle résidait les trois personnes retombait dangereusement vite. Mizunoo pourrait facilement survivre, Orochi et sa bulle aussi, mais Kushinada … ?
Pas de temps à perdre : il prit la jeune femme dans le dos, s'accrochant à elle. Cette dernière était tétanisée, incapable de toute action, tandis que le dragon jurait encore contre le dieu. Il sauta au dernier moment, atterrissant en douceur sur une plage de sable blanc, suivit de près du démon.
« Kushinada, réfugiez-vous quelque part ! » ordonna le Kami
Elle obéit sans réfléchir, Mizunoo se retournant vers Orochi. Sa bulle avait disparu et il commençait déjà à charger ! Le dieu esquiva aisément en sautant de côté, manquant de peu de se faire croquer par la tête d'élément Ombre. De concert avec la tête d'élément Poison, ils créèrent ensemble un nuage compact de smog, un grand bain d'air empoisonné. Mizunoo créa une tornade avec son épée, prouvant son affinité avec les orages, qui retourna le nuage contre l'envoyeur. Orochi était dans un sale état, c'était le moment !
« Technique spécial Susanoo : la danse des lames, l'ouragan du Bretteur ! »
Son épée aspira l'énergie du Soleil désormais rayonnant dans le ciel, s'aiguisant comme un rasoir. Le dieu empoigna la lame à deux mains, et couru à toute vitesse vers Orochi. Il fit un bond prodigieux, et coupa net la tête d'élément Ombre. L'élément vent voulu le repousser avec une tornade mais, encore engourdi par le Saké Céleste, ne réussit qu'à produire une petite brise. Mizunoo... Enfin, désormais à découvert, le grand dieu Susanoo esquissa un sourire avant de frapper la cloche de bronze de plein fouet : un glas strident retentit, modifié par le fort alcool qui circulait dans la chair incandescente du dragon. Ce dernier trembla comme une feuille, tentant de happer l'homme qui le narguait de son épée de lumière. Quelle plaie !
« T... Tu ne t'en... Sortira pas en... en dansant.. ! »
« Tu préfères qu'on finisse tout de suite ? C'est comme tu le désires ! »
Susanoo prit son inspiration, avant de concentrer toute sa force dans ses jambes. Une vitesse fulgurante l'anima soudain, alors qu'il coupait les têtes une à une sans que le Dragon ne puisse rien faire. Deux têtes pendaient encore lamentablement vers le sol rougit de sang, dont une qui tenait miraculeusement par un lambeau de peau : la Terre et la Lumière. Il était proche du but... !
Mais qu'est-ce que ? Cette douleur dans ses jambes... Il avait déjà atteint ses limites ?! Ça faisait mal, horriblement mal... ! C'était insupportable ! !
« C'est trop bête d'échouer maintenant ! Allez, ressaisis toi, Susanoo... Tu es un dieu mince ! Tu peux vaincre cet ersatz de Yokaï ! Cette chiffe-mole que tu viens de quasiment décapiter entièrement... ALLEZ ! »
« Ah...Ahaha... J'ai vraiment... cru y passer. Mais maintenant... Les rôles s'inversent ! GRAAAH ! »
La tête de la lumière fondit sur Susanoo qui ferma les yeux. Il ne pouvait pas tuer le démon, il s'y résignait... Mais de toute évidence, le Yokaï ne l'a pas tué non plus. Sa mort était si rapide ? Non il n'est pas mort, il peut bouger ses yeux. Devait-il les ouvrir … ?
Un clapotis sur sa main le convainquis : au dessus de lui se dressait Kushinada dans une tenue guerrière, la tête dans Orochi, la gueule grande ouverte. Mais pas que. Son épée aussi y était, plantée dans le palais du monstre ! Il y eu un silence oppressant, pendant lesquelles les gouttes de sang continuaient de tomber sur la main de Susanoo. Puis, dans un fracas énorme, le dragon s'écroula sur le côté.
« Je ne sais pas qui vous... qui tu es, Mizunoo, ou Susanoo, ou je ne sais quoi... Mais tu n'es pas quelqu'un d'ordinaire. Tu ressembles à un humain, avec tes cheveux noirs sombre comme la nuit et tes grands yeux bleus et ton début de barbe au menton... très grand certes, tu dois faire facilement plus de deux mètres... Un humain avec des bras puissants, des jambes rapides et un caractère, ma foi, orgueilleux et toutefois, sensible... Je ne sais pas qui tu es. Tu peux te présenter ? » demanda Kushinada, retirant l'épée ensanglantée de la gueule de ce qui fut il y a quelques secondes Yamata no Orochi.
« Tu ne me croirais jamais... »
« Je viens d'achever l'un des plus grands Yokaï du Nippon, aidé par le plus grand guerrier du même pays. Je suis capable d'avaler n'importe quoi maintenant. »
« Bien... Mon nom est Susano-o no Mikito, l'un des trois Kami Céleste première génération, frère de Tsukuyomi et Amaterasu OmiKami, et je commande à l'eau et l'orage. »
Cette révélation ne choqua même pas la jeune femme, qui éclata de rire. Cela déconcerta Susanoo, mais Kushinada le rassura tout de suite :
« Je savais que tu n'étais pas humain, mais j'avoue que je ne m'attendais pas du tout à ça. Le grand Kami de l'orage... N'importe qui t'aurais pris pour un fou en disant ça. »
« D'où ce pseudonyme de Mizunoo. » termina le Kami en souriant.
Le corps du Serpent eut un nouveau spasme, alertant les deux héros. Encore, et encore, puis une dernière fois avant que la bête n'explose en lambeaux de chair rouge. Et au milieu de tas de peau, reposait... une épée... ? Ayant comme Lame un assemblage de plusieurs crocs de serpent et un manche en cuir de serpent rouge sombre. Elle était encore chaude, mais Susanoo l'empoigna en passant dessus un fin filet d'eau, qui dessina des motifs sur le manche et la lame. Tantôt de jolis traits, tantôt un soleil sur la garde...
« Cette épée est née après la mort d'un grand Yokaï, après la réapparition d'un Soleil que l'on croyait perdu à jamais... Il faut lui trouver un nom. »
Il brandit l'épée, la pointe dirigée vers le ciel. Les nuages entamèrent une ronde dans le ciel, autour de la lame. On pourrait croire à une danse...
« Ama no Murakumo no Tsurugi ! L'épée sourcilleuse du ciel ! » proposa Kushinada, émerveillée par le pouvoir de la lame.
« Très joli, j'aime beaucoup. Tsurugi sera le nom de l'épée alors... » chuchota Susanoo. Puis il se retourna brusquement, déclarant quelques mots : « Kushinada, je dois te dire quelque chose. Je crois que c'est ça, mais en même temps c'est la première fois que ça m'arrive alors je ne sais pas vraiment, mais en fait je suis sûr que c'est ça ! Kushinada, je t'aime ! »
La concernée écarquilla les yeux. Elle était complètement abasourdie, étonnée, sidérée, stupéfaite, et heureuse. Oui, heureuse. Elle esquissa un sourire avant de prendre la main du Kami.
« On devrait rentrer au village. Ils doivent s'inquiéter pour nous, ou alors peut-être qu'ils nous croient morts et qu'il fête le festival sous ce nouveau Soleil. » répondit tout simplement Kushinada.
Le dieu acquiesça, souriant à son tour. Trouver l'amour auprès d'une mortelle... Ca allait en créer des problèmes...

C'est ainsi que se termine la légende de Susanoo, le Kami de l'eau. Vous vous doutez bien de la fin de l'histoire, n'est-ce pas ? Kushinada épousa Susanoo qui devint Empereur du Nippon, pour être un Dieu et surtout pour avoir occis le plus grand démon que le Nippon n'ait jamais connu, avec l'aide de sa femme, mais ce détail était passé plus ou moins inaperçu... L’empereur tout juste élu tenait tout de même à ériger une sculpture d'elle dans son futur château pour ne pas qu'elle soit ignorée, malgré son nouveau statut d'Impératrice. Sa lame Totsuka ne le quittait jamais, et par rapport à Tsurugi... Il l'offrit à Amaterasu, comme cadeau de pardon. Le Kami de l'eau avait bien changé en cent ans, et ainsi Amaterasu décida, tout comme Tsukuyomi, de s'installer sur le Nippon afin de l'aider à repeupler, certes, mais aussi de manière symbolique : le pays qui renaît des Trois Kami Célestes, à jamais les humains de cette terre descendront directement des dieux. Quant à Shintô, le village de la nature, elle fût agrandie par tous les Célestes, un tel exemple de respect envers la nature ne devait pas se limiter à un bourg aussi petit. Comme dirait un homme célèbre...
Tout est bien, qui finit bien !


[LEXIQUE]
Izanagi, Izanami : Les premiers dieux qui auraient créé la Terre telle qu'on la connaît.
Chan : suffixe que l'on donne à une personne qu'on apprécie, homme ou femme.
Dix mains : Une technique tellement rapide que l'on pourrait croire que dix mains l'empoignent en même temps.
Kami : un Dieu / un esprit.
Kanji : l'un des trois alphabets Japonais, très symbolique avec l'hiragana et le katakana.
Nippon : surnom donné au Japon
Sakura : littéralement Fleur de cerisier, c'est un arbre rose très populaire au Japon
Yokaï : un démon
Yomi : Les Enfers, gardés par le maître des Yokaï.
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MessageSujet: Re: Susanoo no Densetsu !   Susanoo no Densetsu ! Icon_minitimeLun 4 Juin 2012 - 4:01

Juste un petit message pour te rappeler qu'il faut mettre le style du texte entre crochet après le titre Wink

(Je supprimerai ce message dès que ça sera fait)
 
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» Critique "Susanoo no Densetsu"

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